Un ancien juge de 74 ans, client de Desjardins depuis l’âge de huit ans, monte sur les barricades pour empêcher la fermeture d’un centre de services Desjardins dans son secteur.
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Nous sommes situés au bord du fleuve, à Berthier-sur-Mer, à 15 km de Montmagny et 40 km de Québec.
L’île d’Orléans est visible depuis ce petit paradis de 1744 âmes qui se portent très bien, merci beaucoup. La population augmente, la vitalité est là.
Sauf que la Caisse Desjardins vient de fermer son centre de services au centre du village. Et que les habitants se portent bien.
Pierre Blais devant le centre de services de Berthier-sur-Mer
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC
« Desjardins a perdu son âme. Est-ce qu’ils nous ferment la porte ? Je vais claquer la porte», lance Pierre Blais, un Berthelais de 74 ans au CV bien rempli.
L’ancien juge est né à Berthier-sur-Mer. De 1984 à 1993, il a été député local et, entre autres, ministre de la Justice du Canada.
Il a également tatoué Desjardins sur le cœur. Au moins, il l’avait. « J’ai ouvert un compte à la Banque Nationale la semaine dernière. Pour moi, la Caisse, c’est fini», a déclaré cet ancien secrétaire de la trésorerie scolaire et ancien président du conseil d’administration de la Caisse de Berthier-sur-Mer.
La résistance s’organise
L’histoire commence début septembre. La fermeture du centre de services de Berthier-sur-Mer et des centres de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud et de Cap-Saint-Ignace est annoncée pour le 3 novembre, soit dans moins de deux mois.
La Caisse évoque une baisse de fréquentation à ses guichets et guichets automatiques.
«Quand j’étais là-bas la semaine dernière, il y avait six personnes d’un certain âge qui faisaient la queue. Les gens ont besoin de ces services», a soutenu le juge Blais.
Dès septembre, les Berthelais s’organisent. Ils forment un comité citoyen que dirigera Nathalie Cloutier.
La quinquagénaire, qui vit à Berthier-sur-Mer depuis 30 ans, rassemble 877 signatures contre la fermeture d’environ 1.200 adultes du village.
La pétition des citoyens de Berthier-sur-Mer
Photo fournie par Nathalie Cloutier
La pétition en main, elle a pris l’autobus jusqu’à la succursale de Montmagny, accompagnée de 35 Berthelais.
« Nous avons été très mal reçus. Pour des raisons de sécurité, ils ne nous ont même pas laissé entrer. “Il y avait 35 personnes âgées, pas très menaçantes”, raconte-t-elle, encore choquée.
Trente-cinq Berthelais se sont rendus à Montmagny en septembre pour défier les autorités locales de la Caisse.
Photo fournie par Nathalie Cloutier
À la demande de la communauté, une soirée d’information a ensuite été organisée dans le village : 125 Berthelais sont venus écouter le président de la Caisse Desjardins de la MRC de Montmagny.
« Elle a commencé par dire qu’ils ne reviendraient pas sur leur décision. Cela a donné le ton. Elle ne pouvait même pas nous dire combien coûte un guichet à Berthier-sur-Mer», raconte M.Moi Plus puissant.
Le juge Blais a fait ses recherches. « Cela leur coûterait Cacahuètes, Gardez-le ouvert», assure l’ancien ministre de la Consommation et de l’Entreprise.
Avant la fermeture de vendredi, le centre de services ne comptait qu’un seul employé à temps partiel qui travaillait de 15 à 20 heures par semaine.
« Mais le bâtiment est toujours là. Cela leur coûtera 5 000 $ par année en électricité », dit Blais, ajoutant que Desjardins a réalisé un profit de 3 millions de dollars avec le bureau de Montmagny l’an dernier.
“Notre seule arme”
Le Mouvement Desjardins ferme environ 70 centres de services au Québec chaque année. De 1 122 en 2015, ils étaient plus de 724 en 2022, soit une baisse de 35 %.
« Lorsqu’un caissier prend la décision de supprimer un guichet automatique ou de fermer un centre de services, c’est que l’utilisation du guichet automatique ne justifie plus son entretien », précise un porte-parole.
Les citoyens de Berthier-sur-Mer ne sont pas d’accord. Ils trouvent le comportement de Desjardin irrespectueux. Le manque de transparence à leur égard les met en colère.
Le 35 Berthelais devant la succursale de Montmagny en septembre. Pour des raisons de sécurité, l’entrée leur a d’abord été refusée ce jour-là.
Photo fournie par Nathalie Cloutier
«La seule arme qui nous reste, c’est de fermer nos comptes et de donner notre argent à quelqu’un d’autre», affirme Nathalie Cloutier.
Lorsqu’elle se promène en ville ces jours-ci, il n’est pas rare qu’on l’appelle pour lui dire qu’elle vient de fermer son compte chez Desjardins.
La Banque Nationale vient également en ville aujourd’hui (lundi 6 novembre) pour une présentation.
«C’est décourageant de voir à quel point Desjardins a évolué au fil des années», constate Pierre Blais, un résident du quartier.
Centres de services Desjardins au Québec et en Ontario
- 2015 : 1122
- 2020 : 859
- 2021 : 790
- 2022 : 724