Quel amateurisme de la part du gouvernement de François Legault et de son grand patron du secteur des batteries, Pierre Fitzgibbon, le super-ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et chef d’Investissement Québec.
Ils ont décidé d’investir des milliards de dollars d’argent public dans des usines de batteries sans examiner sérieusement au préalable les détails de leur stratégie d’investissement public sur le marché des batteries pour véhicules électriques.
Comme mon collègue Francis Halin l’a signalé la semaine dernière, l’entreprise publique Investissement Québec (IQ), responsable des investissements dans le secteur des batteries, ne dispose pas d’un document significatif sur les différents risques associés aux investissements publics dans le secteur. À l’exception d’une étude de 78 pages (expurgée) de Hatch, qui traite de l’approvisionnement en nickel. Dans cette étude, Hatch souligne l’importance de sécuriser cette matière première dans l’industrie des batteries.
Bref, le gouvernement Legault semble y aller presque aveuglément avec ses énormes investissements dans les projets d’usines de batteries annoncés jusqu’à présent, soit ceux de Northvolt, GM/POSCO Chemical, Ford Motor et ses partenaires coréens EcoPro BM et SK On.
Pire encore, le gouvernement caquiste n’a même pas jugé bon d’imposer un seuil de contenu québécois au secteur des batteries qu’il dépense des milliards de dollars pour développer. Il n’est pas nécessaire de fixer un tel seuil, affirme le ministre Fitzgibbon. Northvolt, GM ou Ford n’ont donc absolument aucune obligation de s’approvisionner en matières premières et services au Québec.
Des inquiétudes légitimes
Les investissements du Québec dans de nouvelles usines de batteries suscitent, à juste titre, de grandes inquiétudes. Permettez-moi de réitérer les déclarations incendiaires faites par deux professeurs d’université qui ont été rapportées Le journal cette semaine.
Saidatou Dicko, professeure de comptabilité à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), experte en gouvernance : « Le gouvernement doit être plus transparent et plus exigeant en matière d’évaluation des risques. Cela n’a pas de sens.
Luc Bernier, professeur à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa : « Nous mettons tous nos œufs dans le même panier. Si les batteries sont obsolètes dans cinq ou huit ans, que ferons-nous de nos usines qui nous ont coûté des milliards ?
Cependant, les énormes investissements dans le secteur des batteries sont réalisés conjointement avec le gouvernement de Justin Trudeau. Comme on le sait, le gouvernement fédéral ne lésine pas sur les investissements massifs dans les projets d’usines de batteries, notamment au Québec et en Ontario.
Une étude et c’est urgent
Avec plus de 40 milliards de dollars d’investissements futurs dans le secteur des batteries par le gouvernement fédéral, l’Ontario et le Québec, l’objectif est évidemment de conquérir une part relativement importante du marché mondial des batteries pour véhicules électriques.
Il ne fait aucun doute que ce marché connaîtra une croissance significative.
Selon la société Mordor Intelligence, la taille du marché mondial des batteries devrait passer de 50 milliards de dollars en 2023 à 145 milliards de dollars en 2028, soit une augmentation annuelle de 23,5 %.
Il y a donc un grand potentiel de croissance en vue.
Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’un grand nombre de pays développés, dont les États-Unis, la Chine et plusieurs pays européens, participent également à la folle course aux batteries électriques en investissant eux aussi massivement.
À l’heure où les usines de batteries se multiplient à travers le monde industrialisé, il aurait été essentiel que le gouvernement Legault ait des études sérieuses sur les risques d’investir autant de milliards dans le secteur des batteries.
Ceci est d’autant plus important que la batterie va se développer rapidement dans les années à venir.
Il n’est jamais trop tard pour faire le bon choix.
Que Legault et Fitzgibbon arrêtent de nous traiter comme des cochons et commandent immédiatement une étude sérieuse avant de poursuivre leurs investissements massifs dans le secteur des batteries.
J’invite bien sûr Justin Trudeau et son ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, à participer à cette importante étude, simplement pour s’assurer qu’on ne gaspille pas des milliards d’argent public.